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CONTES FAMILIERS

les casseroles marchaient bon train. Au foyer rôtissait un gros dindon, gras comme un moine. Enfin, une bonne odeur de fricot, à ressusciter un mort.

Le jeune homme crevait de faim.

— « Un morceau de pain, aubergiste, pour l’amour de Dieu, de la sainte Vierge Marie, et de l’apôtre saint Pierre.

— Passe ton chemin, pauvre. Passe vite, ou gare aux chiens ! »

Le jeune homme se mit à rire.

— « Bon dîner, saute dans ma besace. »

Le pain, les bouteilles, la viande, sautèrent dans la besace, au premier commandement.

Alors, le jeune homme alla s’asseoir au bord de l’eau, sous l’arche d’un pont. Là, il mangea à sa faim, et but à sa soif. Cela fait, il donna le reste de son souper à de pauvres lavandières, s’allongea par terre, et ronfla comme un bienheureux.

Le lendemain, il repartait, à la pointe de l’aube.

Pendant trois heures, il marcha droit, toujours tout droit devant soi. Alors, il s’arrêta devant la boutique d’un forgeron, qui battait le fer sur son enclume, avec un marteau du poids de cent quintaux.

— « Un morceau de pain, forgeron, pour l’a-