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Les gens avisés

— Mon ami, il n’y a pas de quoi. Mais ce dont tu ne veux pas, moi, je m’en accommoderais de bon cœur. Écoute. Faisons un échange. Prends mon troupeau de mille porcs, et enferme-moi dans ton sac. Ainsi, j’épouserai la fille du roi, la princesse belle comme le jour, et riche comme le Pérou.

— Porcher, avec plaisir. Mais dépêchons-nous. Les deux valets du roi peuvent revenir d’un moment à l’autre. »

Deux minutes plus tard, le porcher gisait à terre, enfermé dans le sac, et Petiton partait, avec son troupeau de mille porcs.

Il n’était pas à cent pas, que les deux canailles de maquignons revinrent, pour leur mauvaise œuvre. Sans faire semblant de rien, Petiton les surveillait. Arrivés au bord de la Garonne, ils ouvrirent le sac, y jetèrent une grosse pierre, le lancèrent dans l’eau, et se sauvèrent, comme si le Diable les emportait.

Mais Petiton nageait comme un barbeau. Il sauta dans la Garonne, repêcha le sac, et délivra le porcher.

— « Merci, mon ami. Tu m’avais pourtant promis mieux que cela.

— Porcher, je t’ai promis selon ce que je croyais.

— Mon ami, je ne te reproche rien. Tu m’as