Aller au contenu

Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
CONTES FAMILIERS

Sainte-Dode renoncèrent à faire fortune en semant de la graine de cheval et des aiguilles. Mais ils étaient devenus la risée de tout le pays ; et, nuit et jour, ils songeaient aux moyens de rétablir leur réputation.

L’église de Sainte-Dode n’est pas laide, et son clocher est en forme de morue[1]. Les gens du village aperçurent, un jour, un beau chardon, qui avait poussé sur la pointe du clocher. Aussitôt, ils tinrent conseil devant la porte de l’église.

— « Ce chardon est un affront pour la paroisse. Tirons-le de là le plus tôt possible.

— Oui, oui. Mais comment faire ?

— Comment faire ? dit le bavard qui parlait toujours en ces occasions. Comment faire ? Écoutez. Sept à huit hommes des plus forts vont grimper au haut du clocher. Ils emporteront le bout d’une corde. À l’autre bout, nous ferons un nœud coulant, et nous y attacherons un âne par le cou. Les hommes tireront fort ferme, jusqu’à ce que l’âne soit assez haut monté pour brouter le chardon. Voilà comment il faut faire.

— Oui, oui. Tu as raison. »

Ce qui fut dit fut fait. Pendant que, du haut du clocher, les hommes tiraient la corde fort ferme,

  1. Les vieux clochers des petites églises de Gascogne sont généralement constitués par un simple mur triangulaire, percé de baies pour placer les cloches.