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Les Niais

le pauvre âne, étranglé par le nœud coulant, ouvrait une bouche grande comme un four.

— « Ah ! gourmand, lui criait-on de tous côtés. Tu ris. Tu es bien aise de brouter le beau chardon. »

Mais le pauvre âne était mort.

Cette histoire n’était pas faite pour remettre les gens de Sainte-Dode en bonne réputation. Ils s’assemblèrent donc de nouveau, devant la porte de l’église.

— « Gens de Sainte-Dode, dit le bavard qui parlait toujours en ces occasions, gens de Sainte-Dode, voulez-vous un bon conseil ?

— Oui, oui.

— Écoutez. Nous avons une belle église, et un beau clocher. Par malheur, ils sont bâtis en plaine. S’ils étaient sur la colline tout proche, on les verrait de fort loin, et ce serait un grand honneur pour la paroisse. Eh bien ! charroyons notre église et notre clocher sur la colline. Entourons-les de cordes de laine. Tirons ensemble, tous ensemble ; et ce beau travail sera fini avant le coucher du soleil.

— Oui, oui. Tu as raison. »

Aussitôt, hommes, femmes, enfants, se mirent à tordre des cordes de laine, et ils en entourèrent l’église et le clocher.

— « Attention ! Tirons ensemble, tous ensemble. Hô ! Hardi ! »