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Les Niais

À ces cris, tous les gens de Montastruc accoururent épouvantés.

— « Que dis-tu, malheureux ?

— Mon âne a bu la lune ! Mon âne a bu la lune ! »

Les gens de Montastruc regardaient dans le ciel, dans la mare, et ils braillaient, en pleurant :

— « Son âne a bu la lune ! Son âne a bu la lune ! »

Aussitôt, les consuls[1] s’assemblèrent, pour aviser, devant la porte de l’église.

— « Amenez-nous l’âne qui a bu la lune. »

On leur amena l’âne par le licou.

— « Âne ! C’est donc toi qui as bu la lune. »

L’âne leva la queue, et se mit à braire.

— « Tu as beau dire, c’est toi qui as bu la lune.

Comment ferons-nous, dorénavant, pour y voir pendant la nuit ? »

L’âne releva la queue, et se remit à braire.

— « Ah ! Voilà le cas que tu fais de la justice. Eh bien ! Nous te condamnons à mort. Tu vas être pendu. »

  1. Dans la portion de la Gascogne comprise dans le ressort du Parlement de Toulouse, les officiers municipaux avaient le titre de consuls. Ils portaient celui de jurats dans le reste de la province, inégalement divisé entre les Parlements de Bordeaux et de Pau.