Dix minutes plus tard, l’âne était pendu à un arbre.
Alors, un des consuls se ravisa.
— « Mes amis, dit-il, nous avons dépassé nos pouvoirs de juges. Certes, il nous est permis de condamner à mort ; mais nous n’avons pas le droit de faire mourir. Ce droit n’appartient qu’au juge-mage de Lectoure. À sa place, je prendrais fort mal tout ce qui vient de se passer. Pour nous remettre en paix avec lui, envoyons-lui force volailles. Faisons-lui porter aussi l’âne mort. Le juge-mage choisira un chirurgien, pour délivrer la lune prisonnière dans le ventre de la bête. Il ne manque pas, à Lectoure, de grandes échelles doubles. En en dressant une sur le clocher de Saint-Gervais[1], un serrurier fort et hardi trouvera, je pense, le moyen de reclouer la lune à sa place dans le ciel. »
Ce qui fut dit fut fait. Douze jeunes gens de Montastruc partirent aussitôt, chargés de poulardes, de chapons, d’oies, et de dindons, pour le juge-mage. Douze autres prirent sur leurs épaules une longue barre de chêne, où l’âne mort pendait, lié par les quatre pieds. Jusqu’après Fleurance[2],