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Les gens avisés

père ? » il m’a répondu : « Il est à la vigne, et il y fait le bien et le mal. »

— Maître, il a dit encore la vérité. Je suis venu tailler la vigne. Je fais le bien quand je taille bien, et le mal quand je taille mal.

— C’est égal. Jean le Paresseux est un insolent. Je vous chasse tous de la métairie, s’il ne fait pas trois choses que je vais lui commander. D’abord, il mangera plus de bouillie de mais que le plus grand mangeur du pays. Ensuite, il jettera, avec sa fronde, une pierre plus loin que ne le ferait l’homme le plus habile. Enfin, il tirera du sang d’un chêne.

— Eh bien ! maître, mon fils tâchera de vous contenter. »

Le père s’en alla trouver Jean le Paresseux, et lui conta ce qui en était.

— « Soyez tranquille, père. Je ferai tout ce qui m’est commandé. »

Le maître manda donc le plus grand mangeur du pays ; et il fit remplir bien également deux grandes terrines de bouillie de maïs, avec une cuiller dans chacune. Mais, pendant que le grand mangeur se bourrait tant qu’il pouvait, Jean le Paresseux jetait adroitement la bouillie de maïs sous la table, de façon qu’il accula son compagnon.

— « Et maintenant, dit le maître, tu vas jeter,