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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/26

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CONTES FAMILIERS

avec ta fronde, une pierre plus loin que ne le ferait l’homme le plus habile. »

Le maître manda donc un tireur de fronde fort habile, qui jeta sa pierre presque à perte de vue. Mais Jean le Paresseux avait mis un pigeon dans sa fronde. Quand il lança son coup, le pigeon vola plus loin que les yeux ne purent le suivre.

— « Et maintenant, dit le maître, tu vas tirer du sang d’un chêne. »

Jean le Paresseux fit semblant de ramasser une pierre, pour la jeter contre un chêne. Mais il avait dans sa poche un œuf couvi ; et il le jeta contre l’arbre, de façon qu’on aurait cru que le sang était sorti sur le coup.

— « Maître, dit alors Jean le Paresseux, j’ai fait ce que vous m’avez commandé. Pourtant j’abandonne la métairie, car j’ai pris un autre métier. »

En effet, Jean le Paresseux partit avec les siens, Quelques jours après, son maître le rencontra vêtu comme un prince.

— « Quel métier fais-tu donc à présent, Jean le Paresseux, pour être si bien vêtu ?

— Maître, je me suis mis marchand de choses qui ne coûtent rien.

— Que veux-tu dire ?

— Je veux dire que je me suis mis voleur. Ce que je vends ne me coûte rien. Votre cheval vaut