— Mère, je n’ai trouvé que ces cent aiguillons. Maintenant, j’ai fini de voyager. »
Alors, le cadet des trois fils parla.
— « Mère, demain je veux partir à la recherche du navire, du Navire marchant sur terre. »
Le lendemain, dès la pointe de l’aube, le cadet partait, le bâton à la main, une petite miche de pain noir dans sa besace.
Sur les dix heures du matin, il s’assit, pour déjeuner, au bord d’une fontaine. Un pauvre vint à passer.
— « Jeune homme, j’ai faim. Pour l’amour de Dieu et de la sainte Vierge Marie, donne-moi un morceau de ta petite miche de pain noir.
— Pauvre, passe ton chemin. Je n’ai pas trop à manger pour moi.
— Jeune homme, où vas-tu ? »
Le garçon haussa les épaules, en signe de mépris.
— « Je suis mon nez. Mon cul le pourchasse.
— Jeune homme, je te parle honnêtement. Fais comme moi.
— Eh bien, pauvre, je vais chercher des quenouilles.
— Des quenouilles tu trouveras. »
Le jeune homme acheva sa petite miche de pain noir, et repartit. Au coucher du soleil, il s’arrêta, crevant de faim, sur le seuil d’une métairie.