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Les gens d’Église

n’oublia pas sa promesse. Il ne se remaria pas. Nuit et jour, il travailla, pour tenir la maisonnette en ordre, pour élever son petit garçon.

L’enfant n’était pas bête. À l’école, il apprit vite et bien, tout ce que le régent était en état de lui enseigner. Alors, l’enfant dit à son père :

— « Père, envoyez-moi au séminaire d’Agen. Je veux étudier pour devenir prêtre.

— Mon ami, fais à ta volonté. »

Le garçon partit donc pour le séminaire d’Agen. À vingt-quatre ans, il en avait appris autant que ses maîtres ; si bien que l’évêque nomma le petit abbé curé de la paroisse, où son père vivait toujours.

Mais le petit abbé était devenu glorieux comme un paon. Il avait honte d’être le fils d’un paysan, et de loger dans une maisonnette sans premier étage. Le jour même de son arrivée, il manda les maçons, pour bâtir ce qui manquait ; si bien que, trois mois plus tard, il logeait en haut, dans une belle chambre à deux lits, un pour lui, l’autre pour les gens riches et haut placés qui venaient lui faire visite. Comme autrefois, le père couchait toujours en bas, dans la cuisine. Certes, le pauvre homme était triste de voir son fils si glorieux ; mais il ne faisait aucune plainte.

Un beau soir, l’évêque d’Agen arriva dans la paroisse, pour y confirmer les enfants le lende-