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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/330

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RÉCITS

main. C’était un brave homme, dévot et aumônier comme un saint, juste comme l’or, et peu gêné pour châtier publiquement les gens qui le méritaient.

Après souper, le petit abbé fit monter l’évêque dans la belle chambre.

— « Monseigneur, voici votre lit, et voilà le mien. Bonne nuit.

— Merci, petit abbé ! Mais où couche donc ton brave père ?

— Monseigneur, il couche en bas, dans la cuisine. C’est bien assez pour lui.

— Tu crois, petit abbé ? Nous verrons. En attendant, bonne nuit. »

Tous deux montèrent au lit. Le lendemain, l’église regorgeait de monde. Après la confirmation, l’évêque d’Agen monta en chaire.

— « Petit abbé, dit-il, tu passes pour le plus savant de mes prêtres. »

Le petit abbé faisait la roue, comme un dindon.

— « Petit abbé, puisque tu en sais si long, je veux te faire briller devant tous ces braves gens.

Monte à l’autel, et tourne-toi vers moi. Que tout le monde te voie. Bien, Et maintenant, petit abbé, fais le signe de la croix.

— Au nom du Père, du Fils…

— Assez, petit abbé. Je te fais grâce du reste.