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CONTES FAMILIERS

toute l’eau de la rivière de Baïse[1]. Tâche de vivre avec les vivants ; et ne t’expose pas à demeurer seul. »

Jeannille ne répondait rien ; mais il ne se corrigeait pas de ses colères. Il ne voulait pas comprendre que le plus méchant sera toujours le grand maître, ni que les sots seront toujours les plus nombreux.

Un jour, la veuve mourut. Alors, Jeannille pensa :

— « Je n’ai plus ma mère. C’est un grand malheur pour moi. Pourtant, je ne peux pas vivre tout seul. Il faut que je me marie. »

Le temps de son deuil fini, Jeannille se maria, et fit une belle noce. Le lendemain, il dit à sa femme :

— « Femme, j’ai soif. Il n’y a plus une goutte de vin à la maison. Va puiser de l’eau à la fontaine. »

La femme prit sa cruche, et partit. Une heure après, elle n’était pas encore revenue.

— « Belle-mère, dit Jeannille, allez donc voir ce que peut faire votre fille. Il faut que je demeure ici. Pourtant, je crève de soif. »

La belle-mère partit, et trouva sa fille au bord de la fontaine, avec sa cruche vide à côté.

— « Mère, vous arrivez bien à propos. Main-

  1. Affluent de la Garonne, rive gauche.