de son pénitent s’exécutera, ni qu’il le juge même probablement ; mais il suffit qu’il pense qu’il en a à l’heure même le dessein en général, quoiqu’il doive retomber en bien peu de temps. Et c’est ce qu’enseignent tous nos auteurs, ita docent omnes autores. Douterez-vous d’une chose que tous nos auteurs enseignent ? Mais, mon Père, que deviendra donc ce que le P. Pétau a été obligé de reconnaître lui-même dans la préface de la Pén. Publ., p. 4 : Que les saints Pères, les Docteurs et les Conciles sont d’accord, comme d’une vérité certaine, que la pénitence qui prépare à l’eucharistie doit être véritable, constante, courageuse, et non pas lâche et endormie, ni sujette aux rechutes et aux reprises ? Ne voyez-vous pas, dit-il, que le P. Pétau parle de l’ancienne Église ? Mais cela est maintenant si peu de saison, pour user des termes de nos Pères, que, selon le P. Bauny, le contraire est seul véritable ; c’est au tr. 4. q. 15, p. 95. Il y a des auteurs qui disent qu’on doit refuser l’absolution à ceux qui retombent souvent dans les mêmes péchés, et principalement lorsque, après les avoir plusieurs fois absous, il n’en paraît aucun amendement : et d’autres disent que non. Mais la seule véritable opinion est qu’il ne faut point leur refuser l’absolution : et encore qu’ils ne profitent point de tous les avis qu’on leur a souvent donnés, qu’ils n’aient pas gardé les promesses qu’ils ont faites de changer de vie, qu’ils n’aient pas travaillé à se purifier, il n’importe : et quoi qu’en disent les autres, la véritable opinion, et laquelle on doit suivre, est que, même en tous ces cas, on les doit absoudre. Et, tr. 4, q. 22, p. 100 : Qu’on ne doit ni refuser ni différer l’absolution à ceux qui sont dans des péchés d’habitude contre la loi de Dieu, de nature et de l’Église, quoiqu’on n’y voie aucune espérance d’amendement : Etsi emendationis futuroe nulla spes appareat.
Mais, mon Père, lui dis-je, cette assurance d’avoir toujours l’absolution pourrait bien porter les pécheurs… Je vous entends, dit-il en m’interrompant ; mais écoutez le P. Bauny, q. 15 : On peut absoudre celui qui avoue que l’espérance d’être absous l’a porté à pécher avec plus de facilité qu’il n’eût fait sans cette espérance. Et le P. Caussin, défendant cette proposition, dit, page 211 de sa Rép. à la Théol. mor., Que si elle n’était véritable, l’usage de la confession serait interdit à la plupart du monde ; et qu’il n’y aurait plus d’autre remède aux pécheurs, qu’une branche d’arbre et une corde. O mon Père ! que ces maximes-là attireront de gens à vos confessionnaux ! Aussi, dit-il, vous ne sauriez croire combien il y en vient : nous sommes accablés et comme opprimés sous la foule de nos pénitents, poenitentium numero obruimur, comme il est dit en l’Image de notre premier siècle, l. 3, c. 8. Je sais, lui dis-je, un moyen facile de vous décharger de cette presse. Ce serait seulement, mon Père, d’obliger les pécheurs à quitter les occasions prochaines. Vous vous soulageriez assez par cette seule invention. Nous ne cherchons pas ce soulagement, dit-il ; au contraire : car comme il est dit dans le même livre, l. 3, c. 7, p. 374 : Notre Société a pour but de travailler à établir les vertus, de faire la guerre aux vices, et de servir un grand nombre d’âmes. Et comme il y a peu d’âmes qui veuillent quitter les occasions prochaines, on a été obligé de définir ce que c’est qu’occasion prochaine ; comme on voit dans Escobar, en la Pratique de notre Société, tr. 7, ex. 4, n. 226. On n’appelle pas occasion prochaine celle où l’on ne pèche que rarement, comme de pécher par un transport soudain avec celle avec qui on demeure, trois ou quatre fois par an ; ou selon le P. Bauny, dans son livre français, une ou deux fois par mois, p. 1082 ; et encore p. 1089 ; où il demande ce qu’on doit faire entre les maîtres et servantes, cousins et cousines qui demeurent ensemble, et qui se portent mutuellement à pécher par cette occasion. Il les faut séparer, lui dis-je. C’est ce qu’il dit aussi, si les rechutes sont fréquentes et presque journalières : mais s’ils n’offensent que rarement par ensemble, comme serait une ou deux fois le mois, et qu’ils ne puissent se séparer sans grande incommodité et dommage, on pourra les absoudre, selon ces auteurs, et entre autres Suarez, pourvu qu’ils promettent bien de ne plus pécher, et qu’ils aient un vrai regret du passé. Je l’entendis bien, car il m’avait déjà appris de quoi le confesseur se doit contenter pour juger de ce regret. Et le P. Bauny, continua-t-il, permet, p. 1083 et 1084, à ceux qui sont