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DES CHIFFRES.

secrete theologie, n’a aucun fondement ny authorité sinon de la loy escrite ; nomplus que la Lune n’a point de lumiere fors ce qu’elle en reçoit du Soleil ; que Platon appelle la clarté transmise & infuse de la divinité en nos ames, pour les conduire & eslever à la cognoissance du monde intelligible : & celle de la Lune, l’instinct & discours naturel de raison, moiennant lequel, selon qu’il est exercé, nous acquerons la science des choses celestes, & elementaires, au monde sensible. Mais les Cabalistes de leur costé, suivant ce verset du pseaume 19. Dies diei eructat verbum ; & nox nocti indicat scientiam, nomment ceste lumiere là, le jour, d’autant que c’est le Soleil qui le constitue ; le fils, & le laict ; le miroüer luisant aussi, & le sacrifice matutinal, qu’on offroit à Dieu pour l’avoir favorable & propoce : & l’autre, la nuict à laquelle la Lune preside, la fille, & le vin ; comme l’interprete Elchana fort celebre docteur Hebrieu ; le miroüer non luisant tenebreux ; & le sacrifice du soir, pour radoulcir la rigueur & severité de sa justice : ou, comme met plus particulierement le Zohar, le sacrifice du matin s’addressoit à Dieu, qui est appellé feu mangeant, & reunissant ; & celui du soir pour mitiguer les puissances nuisibles, aux adversaires qui accusent les creatures devant le tribunal de sa majesté, à la main gauche & partie du Septentrion ; là où se faisoit division de la viande, à ce qu’à chacune desdites puissances ennemies, s’en distribuast sa part & portion. A ces deux encore se raportent l’Intellect agent, plein