Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/100

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cette pensée, voyons comment fut remplie la mission politique du nouveau cabinet.

Cette mission consistait à déplacer la puissance politique par le changement du système électoral. On ne perdit pas de temps, et, dès le mois de mai 1820, la chambre, assemblée depuis peu, était saisie d’un projet de loi électorale. Menacée, la bourgeoisie rassembla toutes ses forces et prépara une vigoureuse défense. Elle publia des brochures, elle fit gémir ou gronder tous ses journaux à la fois, elle suscita du fond des provinces des pétitions ardentes, elle déclara la charte en danger. Tous les esprits étaient en éveil : la discussion s’ouvrit dans l’orage.

Il existait alors à Paris une association, véritable club éclos de la franc-maçonnerie, et dont les puérilités solennelles du Grand-Orient ne servaient qu’à masquer l’action politique. Fondé par quatre commis de l’administration de l’octroi, MM. Bazard, Flotard, Buchez et Joubert, ce club, sous le nom de Loge des Amis de la Vérité, s’était d’abord recruté dans les écoles de droit, de médecine, de pharmacie puis, sur la proposition de Bazard, il avait appelé à lui un grand nombre de jeunes hommes voués à l’apprentissage du commerce. La Loge des amis de la Vérité était ainsi parvenue à se créer dans la jeunesse parisienne une influence puissante, et elle était en mesure de commander à l’agitation.

Cependant la discussion avait commencé, à la