Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/99

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suscité un audacieux imposteur, nommé Titus Oates, lequel accusa du crime d’un individu tout le parti catholique. Les siècles ont beau passer sur les sociétés, ils n’en emportent pas dans leur cours le vieux limon. Les Titus Oates ne manquèrent pas après l’assassinat du duc de Berry. Ce prince, disaient les ennemis de la bourgeoisie, vient d’être poignardé par une idée libérale. Et, comme on n’attendait qu’une occasion pour renverser M. Decazes, ceux qu’on appelait ultra-royalistes te précipitèrent du pouvoir par ce cri : « Vous êtes le complice de Louvel ! » Prétextes menteurs, sans doute ! ruses bien connues, de partis se donnant rendez-vous sur le tombeau du prince assassiné, pour s’y combattre en quelque sorte avec son cadavre ! Les vraies causes de la chute de M. Decazes étaient beaucoup moins odieuses, et beaucoup plus décisives : il tombait, parce que le jour où il s’était prononcé contre la loi du 5 février, il avait cessé de représenter quelque chose au pouvoir. Et ce n’était pas assez, pour l’y retenir, de la tendresse du roi, à une époque où la royauté n’était plus qu’un vieillard caduc, auquel on disait sire en lui parlant.

L’assassinat du duc de Berry ayant été, pour ceux qui se prétendaient les amis des rois et des princes, une spéculation tout à fait heureuse, M. de Richelieu se trouva naturellement porté aux affaires. Ici nous touchons aux pages les plus instructives de l’histoire de la Restauration ; mais, avant d’expliquer