Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/106

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y faire revivre l’esprit des temps anciens ; ils livrent tout le pouvoir communal à un nombre très-restreint d’électeurs choisis parmi les plus riches. Que leurs idées soient adoptées, une voie est ouverte au retour de la féodalité dans les campagnes. Mais quoi ! Ils ont osé attribuer au roi dans les communes urbaines, et à son représentant dans les communes rurales, la nomination du préfet et les adjoints ! Crime irrémissible aux yeux des royalistes de la chambre !

Ce fut alors que Louis XVIII laissa échapper ce cri d’une âme blessée : « Je leur abandonnais les droits de ma couronne ; ils n’en veulent pas, c’est une leçon. » C’était une leçon en effet, et dont la portée était plus grande que Louis XVIII ne pouvait le supposer, car elle avait le sens que voici : partout où le gouvernement d’un roi et celui d’une assemblée seront face à face, il y aura désordre, et la société cheminera entre la dictature et l’anarchie, c’est-à-dire entre deux abîmes.

Voilà où en était la monarchie en France, lorsque survint un événement plus important pour elle que la naissance du duc de Bordeaux. Sur un rocher, du côté de l’Occident, bien loin au milieu des mers, Napoléon était mort. Le monde s’en émut.

La chute de Napoléon avait été profonde, immense : donc, mieux que ses triomphes, elle attestait son génie. A quel vaste cœur, à quelle volonté inexpugnable, à quelle intelligence d’élite l’histoire a-t-elle ac-