Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ques, ne gardaient plus aux écrits trop violents que châtiments sévères, et les condamnations successives de MM. Béranger, Cauehois-Lemaire, Fontan, révélèrent l’esprit qui, sous le ministère Martignac, animait la magistrature.

Les circonstances étaient donc favorables à un système de conciliation entre les deux pouvoirs, si cette conciliation n’eût pas été en soi dérisoire et impossible. Aussi, interrogez l’histoire de cette époque. Pour gagner l’opinion dominante, M. de Maignac s’épuise en concessions. Il exclut du ministère, dans la personne de M. de Frayssinous, le parti congréganiste, et il remplace l’évêque d’Hermopolis par l’abbé Feutrier, prêtre mondain qu’on croit libéral, il éteint dans les élections l’influence des agents du roi ; il affranchit la presse du joug de l’autorisation royale, et substituant le monopole financier au monopole politique, il met aux mains des riches l’arme du journalisme ; il abolit la censure ; il frappe au cœur la puissance des jésuites ; il fait passer de la royauté à la chambre, dont il reconnaît ainsi la suprématie, le droit d’interpréter les lois… Et la bourgeoisie d’applaudir !

Mais lorsqu’après avoir fait si large la part du pouvoir parlementaire, il veut que tout ne soit pas enlevé au pouvoir royal, les choses changent de face. Il présente aux chambres deux projets de loi, l’un sur l’organisation communale, l’autre sur l’organisation départementale, et ces deux projets renfer-