Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/177

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fébrile qui naît des grandes frayeurs. Des associations se formaient partout pour le refus de l’impôt. Des comités électoraux s’étaient établis à Paris. D’ardentes circulaires recommandaient aux électeurs la tactique des ovations. Pour mieux animer les esprits, un banquet fut donné, à Paris, à plus de six cents électeurs ; deux cent vingt-une couronnes décoraient symboliquement la salle du festin ; et le discours prononcé en cette occasion par M. Odilon-Barrot confondit dans un même hommage le roi et la loi.

Car il est à remarquer que ; dans la pensée des libéraux, le trône restait placé au-dessus de tous ces orages. Dans la société Aide-toi, dont M. Odilon-Barrot faisait partie, on avait très-vivement agité la question de savoir si, au banquet des Vendanges de Bourgogne, un toast serait porté à la royauté. Mais ceux qui étendaient jusqu’au monarque la haine qu’inspiraient ses ministres, s’étaient trouvés en minorité, et avaient dû s’abstenir. Les libéraux réunis aux Vendanges de Bourgogne, burent à la santé de Charles X.

Et ils ne s’éloignaient pas en cela de l’esprit qui animait les 221, esprit qui, lors de la discussion de l’adresse, s’était clairement révélé dans ces paroles de M. Dupin aîné : « La base fondamentale de l’adresse est un profond respect pour la personne du roi ; elle exprime au plus haut degré la vénération pour cette race antique des Bourbons ; elle présente légitimité, non-seulement comme une vérité légale, mais comme une nécessité sociale, qui est aujourd’hui, dans tous les bons esprits, le résultat de l’expérience et de la conviction. »