Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/178

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Les rares partisans du duc d’Orléans avaient donc besoin de quelque circonstance éclatante qui permit aux Français de se souvenir de lui. L’arrivée du roi et de la reine de Naples fit naître cette circonstance. On en profita.

Le 31 mai, à neuf heures du soir, le Palais-Royal resplendissait de lumières ; des rangées nombreuses d’orangers embaumaient les galeries qui l’entourent ; et, au-dehors, dans le jardin gracieusement ouvert à la foule, se pressaient des milliers de spectateurs.

À cette fête splendide où devait figurer, dans la personne d’un grand nombre d’hommes célèbres par leur opposition à la cour, l’élite de la bourgeoisie, le duc d’Orléans avait invité toute la famille royale et toute la cour. Charles X, que les assiduités du duc et ses prévenances presqu’obséquieuses avaient toujours tenu en garde contre les soupçons qui germaient dans l’esprit des courtisans, Charles X se rendit à l’invitation du fils de Philippe-Égalité. Mais de hauts personnages murmuraient de cette démarche, dans laquelle ils affectaient de voir une dérogation à l’étiquette.

Averti de l’approche du roi, le duc d’Orléans l’alla recevoir, accompagné de sa famille, au bas de l’escalier et s’inclinant profondément, il témoigna en termes expressifs à son souverain toute la reconnaissance qu’il éprouvait de l’honneur insigne qui lui était fait.

La fête fut d’une somptuosité royale. Trois mille personnes circulaient dans les appartements décorés avec magnificence. Et déjà tous les cœurs étaient au plaisir, lorsqu’un grand bruit se fit entendre dans