Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/179

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ce même jardin d’où jadis Saint-Hurugues était parti pour conduire à Versailles la foule irritée, par qui furent accomplies les journées des 5 et 6 octobre. On se presse dans les salons, on se précipite. Des flammes s’élevaient dans le jardin, au pied de la statue d’Apollon. Des lampions remplis de graisse brûlante volaient çà et là, lancés par des mains inconnues. Les femmes fuyaient et poussaient des cris d’effroi. À ce spectacle, les ennemis du duc d’Orléans, invités à sa fête, se regardent les uns les autres avec surprise. Des propos étranges circulent. On raconte que, le matin même, le préfet de police est allé demander au duc l’autorisation de placer dans le jardin quelques soldats pour prévenir des désordres possibles, et que cette autorisation a été refusée. On interroge des yeux l’attitude du prince, qui, au milieu d’un groupe nombreux, semble prononcer de vives paroles, accompagnées de gestes animés.

L’ordre ne tarda pas à être rétabli ; des troupes rassemblées d’avance dans le voisinage furent appelées et le bal se termina sans autre accident. Mais indiquer un but à des esprits incertains et leur donner quelque chose à vouloir, c’est créer une force. Une candidature venait d’être posée dans le tumulte d’une fête.

Au milieu des préoccupations universelles, cent coups de canon retentirent dans Paris. Le baron d Haussez courut aussitôt chez le roi, le cœur plein d’émotion et le visage rayonnant. Charles X s’avança vers lui en étendant les bras, et comme le ministre s’inclinait pour baiser la main du monarque : « Non, non, s’écria Charles X avec effusion. Aujourd’hui,