Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/190

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impossibles, quoique opposées. En demandant que les droits de primogéniture et de substitution fussent rétablis, que l’Église fut rendue à son ancienne splendeur, que les dignités fussent accordées aux titres, que la cour primât le parlement, le premier posait les conditions naturelles et nécessaires de la monarchie, mais sans tenir compte de l’état de la société. En demandant, au contraire, que le partage des terres fut maintenu, que le clergé se fit modeste, que les services, même à la cour, eussent le pas sur les titres, que la puissance élective fut ménagée, le second tenait compte de l’état de la société, mais sans comprendre à quelles conditions une monarchie peut vivre et durer.

Cette division des royalistes était devenue de jour en jour plus marquée, et Charles X par l’éclat de ses préférences en avait multiplié les dangers. Ceux qui n’avaient pas reçu le baptême de l’émigration, ceux que le roi n’avait pas eyx pour amis d’enfance ou compagnons d’exil, trouvaient auprès de lui un accueil bienveillant ; mais sa confiance leur était refusée ; il leur faisait sentir, à travers les formes d’une politesse exquise, qu’ils n’étaient, après tout, que des bleus rentrés en grâce, et qu’ils devaient s’estimer fort heureux qu’on voulut bien employer leur dévouement. Ces dedains du monarque, qu’il savait adoucir par une extrême délicatesse de procédés, se traduisaient chez les favoris en airs impertinents, et préparaient à la royauté des déceptions mortelles. L’étiquette de la cour était surtout offensante pour les royalistes qui ne devaient leur illustration qu’à leur épée. Car, au château, un gentilhomme de pure