Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de ses chefs. Les sentiments qui animaient le peuple n’avaient pas le même caractère. Tout entier au souvenir de celui qui fut l’Empereur, le peuple ne connaissait pas d’autre culte politique. Il lui était resté des habitudes militaires de l’Empire et de la licence des camps un profond mépris pour tes Jésuites et le clergé. Les Bourbons, il les repoussait, mais seulement à cause du scandale de leur avènement, que son orgueil associait à toutes les humiliations de la patrie. Pour lui-même, il demandait peu de chose, parce qu’entretenu depuis long-temps dans une ignorance complète de ses propres affaires, il était aussi incapable de désirer que de prévoir. Il n’y avait donc entre la bourgeoisie et le peuple ni communauté d’intérêts ni conformité de haines.

En s’appuyant sur de semblables données, tenter un coup d’état monarchique n’aurait eu rien de téméraire. Mais il n’y avait en France ni un véritable parti royaliste, ni un véritable roi.

J’ai dit ce qu’était Charles X. Autour de ce monarque débile s’agitaient deux partis royalistes. L’un s’appuyait sur le clergé ; il se composait d’émigrés, de gentilshommes, et avait pour meneurs le prince de Pougnac, le baron de Damas, le cardinal de la Fare. L’autre s’appuyait sur l’armée ; il comprenait tous les hommes nouveaux que la Restauration avait attirés, la plupart des généraux de l’Empire, et ceux des anciens nobles qui, successivement gagnés à la cause de tous les pouvoirs, s’étaient offerts au dernier par intérêt ou scepticisme.

Ces deux partis voulaient deux choses également