Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/193

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Metternich s’était ouvert de ses craintes à l’ambassadeur de France, M. de Reyneval, et il avait prononcé ces paroles remarquables : « Je serait beaucoup moins inquiet, si le prince de Polignac l’était davantage[1]. »

La vérité est que l’attitude de M. de Polignac vis-à-vis des ambassadeurs étrangers avait toujours eu un caractère particulier de défiance et de hauteur. Aussi leurs dispositions étaient-elles peu favorables au dernier ministère. L’expédition d’Afrique avait irrité la jalousie des Anglais, dont lord Stuart représentait en France les crainte et les répugnances. Dans le projet relatif à la cession des provinces du Rhin, on n’avait pas fait à la Prusse une part, suivant elle assez large ; et relations de M. de Werther avec la cour en avaient été légèrement altérées. Quant à l’ambassadeur de Russie, M. Pozzo-di-Borgo, il était secrètement irrité contre Charles X, qui, sans blesser les convenances, n’avait jamais pu se résoudre à le traiter autrement que comme un parvenu.

Tout se réunissait donc pour rendre la situation grave et alarmante. Mais Charles X communiquait à M. dp Polignac une sécurité qu’il recevait de lui à son tour, l’avait pris pour ministre, précisément parce qu’il n’avait pas à redouter en lui un contra-

  1. Nous avons sous les yeux un recueil de lettres écrites de la main de M. de Polignac et relatives aux événements de 1830. Nous publions ces notes au fur et à mesure, alors même que nous serions fondés à croire inexactes les assertions qu’elles contiennent. Car il s’agit ici pour nous d’un devoir de loyauté. Voici une de ces notes :

    « Les ambassadeurs ne firent aucune représentation. Je ne les laissais pas s’immiscer dans les affaires intérieures de la France. »