Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se déshonorait deux fois. De ces trois partis il prit le plus funeste au peuple.

Quoi qu’il en soit, ayant accepté la dictature, il avait un moyen bien simple de dompter l’insurrection c’était de menacer Paris d’un incendie. Mais il est des hommes qui n’ont ni le courage de la vertu ni celui du crime. Voici quel fut le plan du duc de Raguse.

Les troupes étaient concentrées autour des Tuileries. Il fut décidé qu’elles partiraient de là et se mettraient en marche vers le sud-est, après s’être partagées en deux grandes divisions. De ces deux divisions, la première reçut ordre de gagner, en longeant la Seine, la place de Grève et l’Hôtel-de-Ville. La seconde devait suivre la courbe des boulevards, atteindre la place de la Bastille, et redescendre jusqu’à l’Hôtel-de-Ville, par la rue Saint-Antoine. Ainsi, on aurait pu dire que, de ses deux bras immenses jetés du haut des Tuileries et dans la direction générale du sud-est, l’un à droite le long des quais, l’autre à gauche, le long des boulevards, l’armée royale enserrait l’insurrection dans la partie là plus importante et la plus tumultueuse de la ville. Mais il importait qu’entre ces deux lignes, séparées par toute la largeur du terrain qu’elles enveloppaient, une communication fut ménagée autre part qu’à leur point même de jonction. Deux bataillons de la garde furent donc chargés d’occuper le marché des Innocents, dans la rue Saint-Denis, et de tenir cette rue libre, en la parcourant : l’un vers le nord jusqu’aux boulevards, l’autre vers le midi jusqu’à la Seine.