Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/268

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continuellement combattue et attiédie par les personnes de son entourage. Dans cette nuit du 28 au 29, il chemina quelque temps à pied, appuyé sur le bras de M. Carbonel et suivi de M. de Lasteyrie et d’un domestique. Il ouvrait déjà l’oreille aux cris qui, le lendemain, salueraient sans doute son passage, et respirait avec exaltation ces parfums de révolte répandus dans la ville. Arrivé à sa voiture, il allait y monter, lorsqu’un citoyen se présente : « Général, je vais à la cour des Fontaines, où m’attendent quelques insurgés. Je leur parlerai en votre nom ; je leur dirai que la garde nationale est sous vos ordres. Y pensez-vous, Monsieur, s’écrie aussitôt M. Carbonel ? vous voulez donc faire fusiller le général ? » Voilà quelles influences poursuivaient Lafayette au sein d’une crise où il lui était commandé de jouer sa tête. Aussi bien, quelle que soit la puissance des noms connus, elle ne suffit pas toujours ; et certes, parmi les combattants de juillet, il y en avait plus d’un capable de comprendre que les agitations populaires permettent tout à l’audace des hommes nouveaux. En effet, tandis que, sur un point de Paris, les plus chauds amis de Lafayette craignaient de voir compromettre ce grand nom, voici la scène caractéristique qui se passait sur un autre point. A la même heure, deux citoyens, MM. Higonnet et Degousée, se promenaient sur la place des Petits-Pères devenue déserte. Un inconnu les aborde et leur dit : « Le combat recommence demain. Je suis militaire. Avez-vous besoin d’un général ? — D’un général, répond M. Degousée ? Pour en faire un, en temps