Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/288

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L’attaque durait depuis trois quarts d’heure, lorsqu’un combattant eut l’idée d’apporter de la paille devant la porte de la caserne. On y mit le feu, et les Suisses prirent la fuite à travers les coups de fusils. Quelques-uns ne voulurent ni se sauver ni se rendre : ils furent tués. De ce nombre était le major Dufay. Les tambours battirent le rappel ; la colonne se reforma dans la rue de Sèvres, et marcha sur les Tuileries.

Mais déjà le palais des rois était au pouvoir du peuple. Le Louvre qu’on avait érigé en forteresse, était pris. Voici comment s’était accompli cet événement extraordinaire.

Une grande masse d’assaillants débouchant par toutes les ruelles qui avoisinent l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois, s’était avancée vers le Louvre, que quelques jeunes gens avaient parlé de prendre musique en tête : bizarrerie poétique ! Les Suisses, postés dans la colonnade, faisaient un feu épouvantable, auquel les Parisiens répondaient avec vigueur.

Le duc de Raguse était, pendant ce temps, sur la place du Carrousel, disposant tout pour un terrible et dernier combat. On vint lui apprendre que, sur la place Vendôme, les soldats étaient en communication avec le peuple ; que leur fidélité chancelait ; qu’une défection était à craindre. Aussitôt le maréchal résolut de soustraire les deux régiments au contact du peuple, de les faire filer vers la place Louis XV et les Tuileries, et de les remplacer par des Suisses, ceux-ci n’ayant ni frères ni parents dans le peuple qu’il s’agissait de mitrailler. Il ap-