Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/289

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pelle son aide-de-camp, M. de Guise : « Courez vers M. de Salis, et qu’il m’envoie l’un des deux bataillons qu’il commande : l’autre suffit pour garder le Louvre. »

Quand cet ordre parvint à M. de Salis, il y avait des Suisses dans la cour du palais ; il y en avait dans la colonnade. Ces derniers étaient seuls exposés au feu. M. de Salis voulant opposer au peuple des troupes fraîches, prit le parti d’envoyer au duc de Raguse le bataillon qui combattait, en mettant à sa place celui qui n’avait pas encore combattu. Mais, par une préoccupation singulière, au lieu de faire monter d’abord dans le Louvre le bataillon qui était dans la cour, il commença par faire descendre celui qui garnissait la colonnade. Le peuple voit le feu des Suisses s’éteindre ; il n’aperçoit plus d’ennemis devant lui. Un courageux enfant était déjà monté par un tuyau de décharge et avait planté un drapeau tricolore sur le Louvre. Quelques combattants passent à travers une grille restée ouverte, pénètrent dans les salles abandonnées, courent aux fenêtres donnant sur la cour, et font feu sur les Suisses. Ces mercenaires intrépides s’étonnent, prennent l’alarme : les souvenirs du 10 août, tradition redoutable et sanglante, revivent dans leur esprit effrayé ; ils se précipitent les uns sur les autres et traversent le Carrousel à la course. Pendant ce temps, le peuple tire des coups de pistolet dans les serrures, ébranle les portes à coups de hache, et inonde le Louvre de tous côtés, tandis qu’une partie des combattants s’élance à la poursuite des fuyards. Humilié, le rouge au front et la rage dans le cœur, le duc de