Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la cocarde tricolore. Elle a de plus senti la nécessité de s’occuper sans relâche d’assurer à la France dans la prochaine session des chambres toutes les garanties indispensables pour la pleine et entière exécution de là Charte. »

La lecture de cet acte produisit une grande agitation dans l’assemblée. Ceux qui, comme M. Laffitte, connaissaient le duc d’Orléans, comptaient trop peu sur sa hardiesse pour ne pas chercher à le compromettre. Ils craignaient qu’une simple invitation ne grossit à ses yeux les périls du moment, et qu’il n’insistât plus qu’il ne convient dans ces instants suprêmes, où tout dépend d’une décision prompte. Ils auraient voulu qu’en le déclarant lieutenant-général du royaume d’une manière solennelle et péremptoire, la chambre le poussât dans les voies de la révolution, de telle sorte qu’il ne put reculer. Lui sachant une ambition plus réfléchie que courageuse, plus ardente qu’active, ils auraient voulu couronner ses espérances tout en le dispensant d’avoir de l’audace. Pour ceux, au contraire, qui n’avaient point de parti pris, exprimer un vœu qui pouvait sembler révolutionnaire, c’était déjà pousser les choses beaucoup trop loin. Au milieu de cette fluctuation des esprits la voix de M. Laffitte s’éleva pour demander que la déclaration lut signée à cause de son importance. L’agitation redoubla. « Vous n’avez pas le droit de disposer de la couronne s’écriait M. Villemain. — De grâce, disait d’un ton larmoyant le vieux Charles de Lameth, rappelez-vous la révolution et le danger des signatures. — Pour moi, dit M. Delessert, tout ce que je vote, je