Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/367

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dernier parti. Le général Champagny, son confident, sollicita de Charles X un entretien particulier dans lequel il développa le plan que voici : le roi se serait rendu à Orléans, où toutes les troupes auraient été concentrées ; le maréchal Oudihot et le général Coëtlosquet auraient été chargés du commandement des camps de Lunéville et de Saint-Omer, qu’on supposait déjà en marche ; on se serait emparé de cinquante et quelques millions provenant de la Casbah d’Alger, et qui venaient d’entrer en rade a Tooulon ; le général Bourmont, rappelé d’Afrique, en aurait ramené deux régiments, et, à travers les provinces royalistes du midi, serait venu donner la main aux populations soulevées de l’Ouest. C’était proposer l’embrasement du royaume.

Charles X parcourut avec distraction et mélancolie les papiers que M. de Champagny lui présentait, et après un court silence, « il faut parler de cela au Dauphin, dit-il. » Mais le son de sa voix et l’expression de son visage démentaient le sens de ces paroles. Que se passait-il dans la tête de ce roi ? il s’en est expliqué plus tard. En cherchant à mettre la monarchie hors de page, Charles X avait cru agir selon son droit. Lorsque, le 28, on était venu lui annoncer que le sang coulait dans Paris, il avait pensé qu’il ne s’agissait que de quelques factieux dont il suffirait de foudroyer l’audace ; mais quand il vit que la résistance était générale, intrépide, persévérante, il se demanda s’il n’avait point commis quelque erreur voulait être expiée. Alors, il eût une grande défaillance de cœur ; et, saisi de cette lasitude dans l’orgueil, la plus amère de toutes et