Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/381

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est-il entré dans Paris ? le 30, après le combat, après la victoire, quand il ne nous restait plus qu’à ensevelir les morts. A quelle heure s’est-il présenté aux barrières ? à l’approche de la nuit : Il s’est glissé jusqu’à nous dans les ténèbres, il est entré furtivement dans son propre palais. Mais où était-il, que faisait-il le 28, le 29, entre Saint-Cloud menacé et Paris en feu ? Ami de la cour, sa place était à côté de son roi. Ami du peuple, pourquoi n’était-il pas à notre tête, devant l’Hôtel-de-Ville, au marché des Innocents, à la porte Saint-Denis, devant le Louvre, partout où nous avons combattu et où nos frères ont péri ?

D’autres faisaient remarquer avec quelle prévoyance tous les termes de la déclaration avaient été pesés. Le péril n’est pas encore tout-à-fait passé, disaient-ils, puisque douze mille soldats campent à quelques pas de la capitale. Aussi, que fait le duc d’Orléans ? il ne se prononce nettement ni pour l’un ni pour l’autre parti. On parle dans la déclaration des lois violées, mais sans dire par qui elles l’ont été. Le duc y présente son intervention comme une digue opposée à l’anarchie : Charles X pourrait-il s’en plaindre, s’il revenait vainqueur ? La déclaration n’est pas datée : pourquoi cela ? On ajoutait que, si le prince aspirait à la couronne, il devait avoir du moins le courage d’y porter la main, et que c’était se moquer de la révolution que de prétendre ruser avec elle. Il y en avait qui, encore plus animés, allaient jusqu’à dire que le duc d’Orléans n’étant qu’un Bourbon, il devait être enveloppé dans la malédiction qui frappait sa famille, et ils deman-