Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/383

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cha vivement de M. de Schonen, et lui montrant deux pistolets qu’il portait à sa ceinture : « Mon ami, lui dit-il, je sais que c’est ma mort que je vais signer. De ces deux pistolets, l’un est pour moi je vous laisserai l’autre. »

Mais déjà tout était prépare à l’Hôtel-de-Ville pour la réception du duc d’Orléans. Dès le 29, les représentants du parti orléaniste avaient entouré M. de Lafayette. Lui sachant un esprit facile et une âme naturellement ouverte aux exhortations généreuses, ils avaient organisé autour de lui une surveillance active et inquiète. Le noble vieillard était pour ainsi dire garde à vue. Un factionnaire, placé à la porte de son cabinet, avait pour consigne de ne laisser parvenir jusqu’à lui que les hommes d’une petite camarilla dont M. Carbonel était l’âme, M. Joubert l’homme d’affaires, et M. Odilon-Barrot l’orateur. M. Audry de Puyraveau lui-même n’était accueilli qu’avec défiance dans le sanctuaire, et toutes les fois qu’il y entrait, M. de Lafayette se contentait de lui serrer la main de l’air d’un homme extrêmement occupé. Le jour où la commission municipale s’était installée à l’Hôtel-de-Ville, elle avait été placée dans une pièce située à la droite de la grande salle Saint-Jean, non loin d’un couloir qui conduisait au cabinet du commandant général. Le 30, afin d’isoler complètement M. de Lafayette, on transporta la commission municipale dans une pièce située à l’autre extrémité de l’édifice. MM. de Schonen, Mauguin, Lobau, n’étaient pourtant pas républicains. Ainsi éloigné de tous les hommes à convictions hardies, de tous les jeunes gens dont il