Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/385

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gnement pour les splendeurs de la royauté, de son goût pour la vie privée, et, surtout, de ce vieux sentiment républicain qui vivait au fond de son cœur et lui criait de refuser une couronne.

Pendant ce temps, la chambre des députés était en marche pour le Palais-Royal. Et telle était la terreur qu’inspirait à la bourgeoisie ce peuple armé pour sa querelle, que M. Delessert tremblait qu’en parcourant les rues, le cortège ne fut assailli à coups de pierre. On arrive au Palais-Royal. Une foule immense en encombrait les avenues. En abordant celui à qui il venait donner une couronne, M. Laffitte ne paraissait ni sérieux ni ému. Le sourire était sur ses lèvres, et avant de lire la déclaration en sa qualité de président, il se pencha à l’oreille du prince et lui dit en lui montrant sa jambe blessée : « Deux pantouffles, un seul bas ! Dieu ! si la Quotidienne nous voyait ! elle dirait que nous faisons un roi sans culottes ! » Que de sang versé le 29 pour renverser un trône ! Le 30 on en élevait un autre avec un mot plaisant. Ce n’est point par son côté tragique que l’histoire nous instruit le plus.

M. Laffitte ayant lu la déclaration de la chambre, le duc courût à lui les bras ouvers et le serra sur son cœur. Puis il voulut le conduire sur le balcon du palais ; mais M. Laffitte, que l’émotion avait gagné, se tenait modestement en arrière. Le duc lui prit la main, et parut avec lui aux yeux de la foule, du sein de laquelle s’élevèrent des cris mêlés de Vive le duc d’Orléans ! Vive Laffitte !

Voilà quelle fut dans la révolution la part de la bourgeoisie. Mais la sanction de l’Hôtel-de-Ville