Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/450

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du gouvernement ; et, d’un autre côté, en embarrassant sa vie de mille détails sans importance, on trouvait moyen de l’écarter des grandes affaires, et on le confinait dans la politique, peu sérieuse, des proclamations et des ordres du jour.

Pour ce qui est de la chambre des députés, le duc d’Orléans la savait disposée à devancer jusqu’à ses moindres désirs, et déjà il y avait eu autour de lui émulation de flatterie. Mais il sentait la nécessité d’ennoblir et de légitimer lut-même par un respect apparent le seul pouvoir dont sa royauté naissante attendît et voulut accepter la consécration. Pour que le peuple ne fît aucune difficulté de s’incliner devant la volonté d’une chambre qui n’avait plus de mandat, le prince traitait l’assemblée avec une déférence démonstrative. Il semblait s’humilier sous la toute-puissance de ses décisions. Lorsque, suivant l’usage de la monarchie, on lui vint présenter la liste des cinq candidats à la présidence de la chambre, il choisit sur cette liste celui qui avait obtenu le plus de voix, M. Casimir Périer ; et, pourtant, il répétait volontiers que nul ne méritait plus que M. Laffitte les premiers hommages de la reconnaissance publique. Il alla plus loin, et s’expliqua très nettement sur le droit que devait avoir désormais la chambre de nommer son président sans l’intervention du monarque. Ainsi, le duc d’Orléans relevait comme pouvoir politique l’assemblée dont les membres, pris un à un, s’asservissaient à l’envi au mouvement ascendant de sa fortune.

Du reste, les préférences du prince commençaient à se déclarer. Il avait peu de goût pour MM. Guizot