Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/77

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sérablement entre un 10 août et un 18 brumaire ? Le jour où Louis XVIII s’assit sur le trône, ce problème fut posé devant lui, ainsi qu’il l’avait été, pendant les Cent-Jours, devant Bonaparte. Et comme la force sociale appartenait à la bourgeoisie, c’était naturellement en sa faveur que la question devait se résoudre. Les obstacles que, sous la Restauration, la royauté eut à combattre, les haines sans nombre qui se groupèrent sur son passage, les tempêtes qui l’assaillirent, cette espèce de tremblement de peuple qui, en 1830, la renversa, n’eurent pas de cause plus sérieuse.

Encore s’il eût été possible de créer entre la royauté et la chambre un pouvoir médiateur ! Mais les droits de substitution ayant été abolis pour jamais, la division des héritages étant devenue un fait inévitable, l’aristocratie ayant été trois fois vaincue, que pouvait une pairie ? Celle de 1815 n’exprimait qu’un entassement de ruines, et n’était en réalité que la vivante histoire d’un quart de siècle de trahisons. On la comptait pour si peu, que Louis XVIII, par exemple, la considérait tout simplement comme un moyen « de mettre une bague au doigt aux gens de sa maison, à la naissance de leur aîné. » Le fait est que le personnel de la pairie fût remanié en 1815 sans scrupule et sans pudeur. On cassa des pairs de France ; on en créa ; le titre de pair devint un mode de récompense ou un sujet d’encouragement pour la haute domesticité du château. Et, après cela, M. de Talleyrand