Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/85

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cela, sinon que les grands événements obéissent à des lois par qui sont déjouées les ruses de l’égoïsme et toute la stratégie des passions ? Qu’importe à l’histoire ce que la chambre de 1815 a voulu ? il reste ce qu’elle a fait. Or, elle a professé le dogme de la souveraineté absolue des assemblées, et c’est elle qui a posé, à son insu, les prémisses du syllogisme dont, après quinze années de luttes, 1830 est venu tirer la conclusion.

C’est pourquoi la révolution de juillet se trouva tout entière dans cette fameuse ordonnance qui frappait de dissolution la chambre introuvable.

Toutefois, par l’ordonnance du 5 septembre, Louis XVIII ne faisait qu’en appeler à des élections nouvelles et à un nouveau mode électoral. Au fond, c’était consacrer en faveur de la royauté ce droit de dissolution, reconnu et pratiqué en Angleterre, droit protecteur des couronnes, et qui, certes, n’avait rien d’exorbitant, puisqu’il n’avait pas empêché le second Stuart de mourir sur un échafaud ! Quelle fut cependant l’impression produite par cet acte si éminemment monarchique ? Ceux qu’on appelait les ultra-royalistes furent consternés ; ceux qu’on appelait les libéraux applaudirent. C’est le contraire qui aurait dû arriver, s’il y avait eu réellement en France des amis de la monarchie d’un côté, et des amis de la liberté de l’autre. Mais non : les ultra-royalistes maudirent l’ordonnance du 5 septembre, parce qu’elle brisait une chambre dans laquelle ils domi-