Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/86

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naient, sacrifiant ainsi à un intérêt momentané de position tous les principes de la monarchie. Et les libéraux accueillirent avec transport cette même ordonnance, parce que le pouvoir parlementaire qu’elle frappait ne leur appartenait pas encore, sacrifiant ainsi à un intérêt momentané de position tous les intérêts de la liberté.

C’est qu’en effet, les mots ici ne répondaient pas aux idées. Sous ces dénominations de libéraux et de royalistes se cachaient des intérêts qui n’étaient en réalité ni ceux de la liberté, ni ceux de la monarchie.

La division véritable qui existait en France était celle-ci. Les uns voulaient que la nation fût agricole ; que la grande culture fût rétablie et la grande propriété reconstituée par les substitutions et le droit d’aînesse ; que le clergé fût indemnisé sur les forêts de l’État ; que la centralisation administrative fût détruite ; que le pays enfin fût rendu à ce régime aristocratique dont la bourgeoisie aidée par les rois avait bouleversé les fondements. Les autres avaient des idées diamétralement opposées. Les premiers, c’étaient, en général, des gentilshommes, des émigrés, des dignitaires de l’Église, des rejetons d’anciennes familles ; ils constituaient ce qu’on aurait dû appeler le parti féodal. Les seconds, c’étaient des fils de parlementaires, des banquiers, des manufacturiers, des commerçants, des acquéreurs de biens nationaux, des médecins, des avocats, la bourgeoisie.