Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

térêts qui s’en emparent, instruments de leur politique, théâtre de leurs combats, leur liberté n’est que la liberté des partis déchaînes. »

Vint la loi d’élection du 5 février 1817, qui établissait l’élection départementale à un seul degré et des censitaires à 300 francs. Une statistique publiée par le ministère fit connaître que le nombre des citoyens payant 300 francs d’impôts, y compris la patente, était de 90,878. La loi du 5 février 1817 livrait donc la puissance parlementaire à la bourgeoisie. Aussi les rôles se trouvèrent-ils aussitôt intervertis. En mesure, désormais, de dominer dans le parlement, la bourgeoisie se tourna contre la royauté, dont elle n’avait plus besoin, et se mit à défendre contre elle ces mêmes libertés dont, avant la loi du 5 février, elle avait abandonné la défense au parti féodal. Il fallut révoquer la loi sur les arrestations préventives, il fallut abolir la censure et le ministère de la police devint si manifestement une sinécure, que M. Decazes dût lui-même, par pudeur en demander la suppression. Mais plus le principe monarchique s’humiliait devant elle, plus cette bourgeoisie qui d’abord l’avait si vivement soutenu, redoublait d’exigences. Tandis que les politiques du pavillon Marsan cherchaient à envelopper le roi de leurs intrigues, les écrivains de la bourgeoisie minaient sans relâche les fondements du trône. La polémique de la Minerve devenait de plus en plut hostile. On posait déjà devant les électeurs la can-