Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/90

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didature de citoyens connus, comme M. Voyer-d’Argenson, pour leur austère indépendance. Les élections de 1818 révélèrent toute la portée de ce mouvement : Manuel obtint une double élection dans la Vendée, et la Sarthe envoya sur les bancs de la chambre le plus illustre des ennemis de la famille royale, M. de Lafayette.

Qu’avait donc fait la chambre féodale de 1815, en donnant au pouvoir parlementaire tant de force, tant de relief ? Elle avait forgé de ses propres mains pour la bourgeoisie un glaive étincelant et acéré. L’histoire, pour peu qu’on la veuille approfondir, se montre remplie de ces hautes leçons. Semblables à certains religieux qui, eux du moins, ont la conscience de leur néant, les partis emploient souvent leur vie à se creuser une fosse. J’aime à voir de quel air certains hommes passent sur la scène du monde : ils s’imaginent faire mouvoir les sociétés, lorsqu’ils ne font que remuer tout autour deux leur impuissance ; ils se haussent jusqu’à l’immortalité, et volontiers ils usurperaient sur Dieu le lendemain : ambition plaisante ! Dieu seul marche au travers des générations qui s’agitent.

Cependant, l’Europe commençait à s’inquiéter de l’état des choses en France. Les souverains étrangers avaient cru fonder la paix dans notre pays en y établissant l’empire de la charte et le dualisme politique qu’elle consacre. L’erreur était grande. Ils finirent par s’en apercevoir. M. de Richelieu qui était