Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/100

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— Jamais ! » Ce fut alors entre le prince et ceux qui l’entouraient un échange de paroles passionnées. L’émotion de l’assemblée était au comble, et on raconte que le prince d’Orange fondait en larmes. Le 4 septembre il quittait Bruxelles ou il ne devait plus rentrer.

Le prince d’Orange était un homme spirituel, chevaleresque, français par les manières et le langage. Il ne courait point bassement après la popularité : il l’appelait naturellement à lui. Mais son amour pour le jeu et la vivacité de ses goûts libertins avaient fourni à ses ennemis des armes dont ils se servirent contre lui avec une haine infatigable. C’est ainsi qu’on l’accusa, non sans quelque vraisemblance, d’avoir soustrait les diamants de sa femme pour payer ses dettes. Son père ne l’aimait pas. Homme d’affaires, rien ne rapprochait Guillaume d’un homme de plaisir, dont il n’approuvait pas les penchants et dont la capacité lui faisait ombrage. A son fils aîné, Guillaume préférait le prince Frédéric qui justifiait par une extrême médiocrité la tendresse paternelle, toujours défiante chez un roi. Or, ce fut, comme on le verra plus bas, la main du prince Frédéric qui brisa le dernier lien entre la Belgique et la Hollande.

Quoi qu’il en soit, la nouvelle de ces événements produisit en France une sensation profonde. Bien qu’il n’y eût aucune comparaison à établir entre la situation de la France et celle de la Belgique, les Parisiens se plurent à voir dans la révolution qui venait de commencer à Bruxelles, l’ascendant de l’exemple héroïque donné au monde par le peuple de Paris.