Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/111

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rendre plus terribles, celles de Liège, de Mons, de Gand, de Namur. Le désordre, comme il arrive toujours, avait enfanté ses orateurs, ses héros ; et l’anarchie était entretenue non-seulement par tous les ambitieux obscurs qui triomphaient des incertitudes du lendemain, mais encore par les orangistes qui voulaient effrayer la partie opulente de la nation et la réduire à merci.

Il faut être malheureux ou ignorant pour oser. Voyant sur sa tête un roi irrité, à ses pieds une multitude grondante, la bourgeoisie belge tremblait : elle s’efforçait d’apaiser le roi par des députations et des adresses presque suppliantes elle opposait à la multitude ses sections armées. Mais, épuisée par ce double effort, elle soupirait après la fin de la crise. Séparation administrative et maintien de la dynastie des Nassau, voilà ce qu’elle voulait.

Les états-généraux avaient été convoqués à La Haye. Guillaume ouvrit la session par un discours où le désir de la paix se traduisait en paroles altières. Les Belges y étaient considérés comme des rebelles et le roi annonçait sa volonté bien arrêtée de ne rien accorder à l’esprit de faction. Cependant la séparation des deux royaumes étant indiquée dans ce discours comme le terme de toutes les divisions, les députés belges se joignirent aux députés hollandais pour remercier Guillaume ; et l’adresse en réponse au discours d’ouverture fut votée par les états-généraux à une grande majorité.

Mais un appel trop véhément avait été fait aux passions des deux peuples, pour qu’une transaction fut possible. À La Haye, on ne parlait plus des