Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/125

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sang-froid et de gravité ; M. Madier de Montjau, un grand fonds de tolérance combiné avec une certaine sévérité de maintien ; M. Mauguin, au contraire, sous les manières aimables de l’homme du monde, l’inflexibilité d’un tribun.

La première question qui divisa les trois commissaires (et elle n’était vaine qu’en apparence) fut celle du cérémonial. Devaient-ils entourer d’un appareil fastueux l’accomplissement de leur mission ? Ainsi le voulait M. Mauguin. Convaincu que c’est par les signes extérieurs des choses qu’on agit puissamment sur la multitude, et, peut-être aussi, animé par un secret désir de paraître, il demandait que le voyage de Paris à Vincennes se fit avec pompe ; que la chambre, dans ses manifestations, empruntât à la majesté royale les importantes puérilités par où elle brille ; que chaque commissaire, par exemple, eût sa voiture ; que tout un escadron fit cortège à ceux qui allaient représenter la justice du peuple.

Ceci, du reste, se rattachait, dans la pensée de M. Mauguin, à des vues hardies de domination. Il n’avait cédé qu’en frémissant le pouvoir révolutionnaire dont il s’était vu investi à l’hôtel de ville. N’ayant pu faire disparaître la chambre dans la révolution, il aurait voulu introduire la révolution dans la chambre, engager ses collègues dans des mesures d’éclat, les compromettre ; mais, tout en les soumettant aux exigences de la popularité, leur en communiquer la force. Lui-même il jouissait alors sur l’opinion, d’un crédit qu’il s’exagérait peut-être, mais dont il était homme à faire un vigoureux emploi.

Malheureusement, M. Mauguin n’exerçait autour