Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ouvre ainsi accès à la multitude, qui se précipite en grondant. La garde du Luxembourg s’avance pour la contenir. Des cavaliers partent au galop pour aller avertir le général Lafayette. Des menaces de pillage ont été habilement semées parmi les commerçants. Au son du tambour qui les appelle, des milliers d’hommes sortent des boutiques, le fusil à la main. Sur la rive gauche de la Seine, tout semble se préparer pour la guerre civile.

La confusion était dans l’intérieur du palais. M. Bérenger y avait repris contre les accusés le réquisitoire de M. Persil, mais sans sortir de la discussion froide et subtile des fictions constitutionnelles. L’assemblée était évidemment distraite. Du fond d’un cabinet où il s’était retiré pour rédiger quelques notes, un journaliste, M. Eugène Briffault, faisait passer à ses camarades, sur de petits bulletins, les nouvelles qu’il recevait du dehors. Ces bulletins sont jetés dans le parquet de la cour. La frayeur exagérant le péril, les assistants se disent l’un à l’autre à voix basse que dix mille hommes vont escalader le palais. Les juges tremblent sur leurs sièges. La séance est un moment suspendue. C’est en vain que le commandant en second du Luxembourg, M. Lavocat, cherche à calmer cette terreur c’est en vain qu’il répond du maintien de l’ordre, et représente la garde nationale accourantde toutes parts ; M. Pasquier, dans son trouble, entend tout le contraire de ce qu’on lui dit, et, rentrant dans la salle d’audience : « Messieurs, la séance est levée M. le commandant de la garde