Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/217

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un dix-huit brumaire, moins Bonaparte et des noms connus. De telles propositions eussent été ridicules, si l’anarchie, qui était partout, n’eût rendu réalisables les projets en apparence les plus téméraires. Celui-ci ne trouva dans la Société des Amis du Peuple qu’un accueil ironique. Le fait est qu’aucun parti n’avait alors assez de consistance pour prendre l’initiative d’une seconde révolution. Cette initiative ne pouvait venir que du peuple, dans le cas où l’irritation produite par le procès des ministres le pousserait à un soulèvement semblable à celui de juillet. Suivre le mouvement, le seconder ; mettre à la disposition de la multitude, s’il le fallait, des armes et des canons ; surtout, préparer le lendemain…, les plus hardis ne pouvaient sans extravagance oser davantage. Les républicains ne conspiraient donc pas, ils se tenaient prêts.

Quoi qu’il en soit, ils étaient devenus l’objet d’une surveillance active, qu’appuyait un système persévérant d’insinuations malveillantes et de calomnies. Comme leur influence était grande dans l’artillerie de la garde nationale, dissoudre ce corps était depuis quelque temps un des plus ardents désirs de la cour. Et loin de combattre ce projet, le comte de Pernetti, colonel de l’artillerie, ne songeait déjà qu’aux moyens de le réaliser promptement. Le 19 décembre, le général Lafayette, apprenant de M. de Montalivet, frère du ministre de l’intérieur, qu’un complot était formé dans le but d’enlever les pièces de canon, avait envoyé M. Francis de Corcelles en prévenir M. Godefroy Cavaignac et ses amis. Ceux-ci, qui entendaient parler depuis quelques jours d’une