Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gistrats qui, comme M. Treilhard, rejetaient de préférence sur les vaincus de juillet, c’est-à-dire sur les anciens conservateurs, la responsabilité des troubles.

M. Odilon Barrot, de son côté, avait publié une proclamation, et elle contenait des menaces. « Je déclare, disait le préfet de la Seine, que le premier acte d’agression serait considéré comme un crime s’il se rencontrait au milieu de nous un homme assez coupable pour attenter à la vie de ses concitoyens, qu’il ne se considère pas comme soumis aux chances d’un combat ; il sera simplement un meurtrier, et jugé comme tel par la cour d’assises, selon la rigueur des lois. » C’était invoquer contre les agresseurs, hommes du peuple, cette inflexible sévérité de la loi, dont, en ce moment même, il était question de préserver les agresseurs du mois de juillet, ministres et grands seigneurs. Un tel langage aurait donc pu trouver grâce auprès des courtisans ; mais ils ne pardonnaient pas à M. Odilon Barrot d’avoir dit dans la même proclamation : « Sorti de vos rangs, en parfaite sympathie d’opinions et de sympathies avec vous, ce que vous éprouvez, je l’éprouve. Je ne suis étranger ni à votre impatience de voir se réaliser, au milieu de nous, des institutions promises, ni à vos justes ressentiments, ni au besoin populaire d’une grande réparation, mais la réparation que notre généreuse nation avait le droit d’exiger est-elle donc seulement dans le sang de quelques malheureux ? » M. Odilon Barrot parlait de promesses dont il attendait l’exécution. C’était