Aller au contenu

Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assez pour qu’à la cour on le considérât presque comme un factieux. Et pourtant, il résistait à la fougue de quelques-uns des hommes qui l’entouraient. « Le moment est favorable, lui disait-on, pour faire des conditions et réclamer des garanties. La royauté nouvelle a besoin de nous. Mettons un prix à notre concours. La politique le commande, et les intérêts de la liberté l’exigent. » Ce langage était particulièrement celui de M. Taschereau, esprit net et pratique. Mais la loyauté de M. Odilon Barrot était excessivement timide. Novice dans les affaires, et tremblant de violer les lois de la discipline administrative, il chancelait entre ses devoirs de fonctionnaire public et ses convictions de citoyen.

Ainsi, l’anarchie était dans le pouvoir aussi bien que dans la société.

La garde municipale, dont les rangs s’étaient ouverts à un grand nombre de combattants de juillet, paraissait peu disposée à s’armer contre le peuple. On n’avait plus de gendarmes. Les soldats, on leur avait trop répété en juillet que tirer sur le peuple est un crime, pour qu’on pût compter sans réserve sur leur appui. La cour devait donc attendre avec impatience le terme de la crise.

On y touchait. Il ne restait plus que quelques formalités à remplir. Quoique membre de la commission d’accusation, M. Madier de Monjau avait pris parti pour la clémence : on le savait. Quant aux pairs, leur décisions n’était pas douteuse. Seulement, il fallait leur rendre facile l’accomplissement de leur rôle ; il fallait, par des éloges habilement