Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/246

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pas avec celui de la dynastie de Louis-Philippe. Consentir au couronnement du duc de Nemours, c’était offenser l’Angleterre, qu’on désirait avant tout ménager. Consentir au couronnement du duc de Leuchtemberg, c’était courir les risques du voisinage d’un Bonaparte.

Aussi M. Sébastiani n’hésita-t-il pas à déclarer à M. Firmin Rogier, au nom de Louis-Philippe, 1o que la réunion était impossible, parce qu’elle était contraire à la volonté des Anglais ; 2o que le prince Othon de Bavière était le roi qui convenait le mieux à la Belgique ; 3o que le roi des Français n’accorderait jamais une de ses filles au fils d’Eugène Beauharnais, et que les Belges, en couronnant ce prince, s’exposaient à être privés de la puissante amitié de la France.

M. Firmin Rogier fit connaître cette réponse au comité diplomatique par deux lettres adressées au comte de Celles, lettres confidentielles, mais dont le congrès exigea la lecture. La seconde de ces lettres contenait le passage suivant :

« Je crus devoir demander à M. Sébastiani si ses paroles avaient un caractère officiel qui me permit de les rapporter, « Oui, sans doute, reprit-il, et vous allez en juger. » Alors, faisant appeler son secrétaire, il lui dicta, pour M. Bresson, une lettre que j’expédie avec cette dépêche, et dans laquelle les intentions du gouvernement français relativement au projet de réunion, à la candidature du duc de Nemours, et à celle du duc de Leuchtemberg, sont clairement et formellement exprimées. M. Bresson est, je crois, autorisé à vous communiquer cette lettre, qui, d’ailleurs, ne renferme pas autre chose que ce que je vous écris aujourd’hui. C’est sans doute avec intention que M. Sébastiani l’a dictée devant moi à voix haute. »