Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/26

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était grosse. Car, si un fils naissait à la reine, don Carlos perdait l’espoir d’une couronne. Mais, bientôt, les partisans de l’infant eurent un plus grave motif de colère. Christine pouvait accoucher d’une fille et dans ce cas, en vertu du droit salique apporté en Espagne par le Bourbon, Philippe V, don Carlos était appelé à succéder à Ferdinand VII, son frère. Pour détourner d’elle ce malheur, la reine obtint de son époux l’abolition de la loi salique ; et, le 5 avril, une pragmatique saction, attribuée à Charles IV par le décret royal, apprit à l’Espagne qu’elle pourrait désormais, comme sous l’empire du droit goth, être gouvernée par des femmes. De là, chez les apostoliques, un redoublement de fureur et, chez leurs adversaires, l’enivrement du triomphe. La, question, du reste, fournissait matière à controverse. Ferdinand VII, selon les partisans de don Carlos, n’avait pas qualité pour abolir par simple ordonnance cette loi salique que Philippe V avait introduite en Espagne avec l’assentiment des cortès de 1713. De leur côté, les partisans de la reine répondaient que la pragmatique saction n’était pas une simple ordonnance ; qu’elle n’était qu’une exhibition de la pragmatique de Charles IV, portée à la requête des cortès de 1789. La guerre, on le voit, était au fond d’un débat semblable. Et la France qui, plus que toutes les autres nations de l’Europe, était intéressée dans la querelle, la France avait à prendre un parti. Or, au point de vue monarchique, le ministère Polignac devait naturellement appuyer les prétentions de don Carlos, parce qu’une fois le droit salique aboli