Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/27

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en Espagne, il suffisait d’un mariage pour y faire revivre l’ancienne influence de l’Autriche. En conséquence, la politique des derniers ministres de Charles X secondait les vues de don Carlos et de ses partisans.

Quoi qu’il en soit, la haine jurée à Christine par les apostoliques était de nature à servir les projets du parti démocratique. Ce parti se cachait, à la vérité : il se taisait ; et tous ceux qui auraient pu lui servir de chefs avaient été livrés à l’exil ou au bourreau. Mais le souvenir de la constitution de 1812 et des cortès de 1820 n’en vivait pas moins dans le cœur des Espagnols. Ce souvenir était même la seule force réelle qui existât en Espagne, où le despotisme avait dévoré ses ressources par ses excès. Au fond le maintien du régime établi n’intéressait guère que le clergé. Des nobles embarrassés de leurs priviléges, un peuple misérable et mécontent, pas de bourgeoisie, les ambitions tournées exclusivement vers le maniement des affaires publiques, peu d’industrie, point de commerce, et, par conséquent, aucun des vices qu’enfante la passion du gain, aucun des obstacles qu’il oppose aux révolutions, même les plus légitimes ; que de chances pour le triomphe du parti démocratique si la France eut juge à propos de le seconder !

Comme l’Espagne, le Portugal touchait à une guerre de succession. Devenu empereur du Brésil, le jour où les Brésiliens avaient secoué la domination portugaise, don Pédro, à la mort de Jean VI, son père, s’était vu dans l’obligation d’opter entre les dieux couronnes. Il avait gardé celle du Brésil,