Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/28

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et abdiqué, en faveur de dona Maria, sa fille, celle du Portugal. Mais son frère, don Miguel, nommé par lui-même régent du Portugal, ne s’était pas fait scrupule d’usurper le trône. Dona Charlotte Joachime, épouse de l’imbécile et malheureux Jean VI, avait, depuis long-temps, enseigné à l’infant la pratique du crime et l’art des trahisons. Les leçons maternelles avaient profité à don Miguel ; et, en 1830, Lisbonne tremblait sous la main de ce prince, maniaque tout plein de caprices sauvages, tyran que la soif du sang brûlait, mais qui était soutenu par les nobles dont il défendait les priviléges, par le clergé dont il maintenait la domination, et par cette foule de mendiants que les moines en Portugal avaient jusqu’alors nourrie, corrompue et tenue en laisse.

Toutefois, la reconnaissance de don Miguel était en suspens dans toutes les cours de l’Europe. La France penchait pour don Pedro, sans sortir néanmoins de l’expectative. L’Angleterre ne se prononçait pas davantage, bien que son intérêt, dans la question fut immédiat et pressant, à cause du joug commercial qu’elle avait appesanti sur le Portugal. À la vérité, se décider était périlleux et difficile pour l’Angleterre. Don Miguel, restant sur le trône, il était à craindre que ses principes politiques ne lui fissent rechercher l’alliance des rois absolus, et que la cour de Lisbonne n’acceptât le patronage de celle de Madrid, comme semblaient déjà l’annoncer les secours fournis au parti miguéliste par les Espagnols. D’un autre côté, don Pédro, avec les idées de gloire qui le tourmentaient, ne serait-